... Et même si nous sommes en droit de rester dubitatifs face à une technologie grand public plus attentive, semble-t-il, aux avancées voraces de la téléphonie mobile ou de la télévision 3D, le futur de naguère, celui dont nous rêvions au travers d'une science-fiction finalement bien visionnaire, ce futur là existe maintenant, nous le vivons et il dépasse l'imagination! Future is now vous propose donc d'écarter les branches touffues des Smartphones, Tablettes numériques et autres arbres à Apple pour découvrir l'actualité de la science, de la robotique et toute innovation digne d'un "ouah" admiratif.

Médecine/ biologie

Le BQ du futur: cellules souches et poulet synthétique

 


A l'heure où le premier hamburger à base de viande issue de cellules souches annonce sa cuisson pour l'automne 2012 et semble représenter une ouverture vers la résolution de divers problèmes liés à la consommation de viande d'élevage (souffrance animale, émissions de méthane, monocultures intensives, qualités nutritives en baisse), une rapide mise en contexte des avancées en matière de biochimie alimentaire s'impose... histoire de savoir à quoi s'attendre, Soleil Vert ou Jardin d'Eden!






Superstar

En février dernier, l'équipe néerlandaise de l'université de Maastricht du physiologiste Mark Post annonçait après six années de travail la production in vitro d'une (très petite: 3 cm de long sur 0,5mm d'épaisseur) pièce de boeuf à partir de "cellules souches de muscles de squelettes de bovins cultivés dans un sérum foetal de veau".
Jaunâtre et pour le moment exempte de toute graisse, la micro-bavette fait l'objet de constantes améliorations. Financé par un riche donateur (soupçonné d'être un magnat des médias) et par le gouvernement allemand à hauteur de 300 000$, le projet a pour but de fournir dans les dix à vingt ans à venir des quantités nécessaires à la consommation de masse.



Précurseurs

Et dire qu'en 2002, ce menu de l'étrange arborait non pas de la viande... mais du poisson! sous la houlette de la NASA, l'américain Morris Benjaminson et son équipe du Touro College prélevaient des bandes de muscle de 5 à 10 cm sur un poisson rouge, lesquelles bandes étaient plongées dans des cuves de sérum de bovin après les avoir lavées à l'alcool. Après un séjour d'une semaine dans ce bain, les segments avaient grandi de 14%.
Curieux de savoir comment réagiraient leurs filets marins en conditions normales (c'est-à-dire en cuisine!), les chercheurs les nettoyèrent, les enduisirent d'huile d'olive et de citron, les firent frire et les présentèrent à leurs collègues des départements voisins. " Nous voulions nous assurer qu'ils passeraient pour quelque chose qu'on pourrait acheter en supermarché" expliquait alors Benjaminson. " Nos collègues ont jugé qu'ils avaient l'air de filets de poisson, sentaient comme du poisson mais ils n'ont pas été jusqu'à les goûter. Ils n'étaient en aucun cas autorisés à le faire!"*

* Impossible sans l'accord de l'Organisme de certification des aliments et des médicaments américain!




Outsiders

Ironie du sort, c'est le scientifique américain Vladimir Mironov qui en 2011 faisait figure de favori. Sa spécialité? La dinde!
Mis en place sur trois ans grâce aux fonds levés par la puissante organisation de défense des animaux PETA (people for the ethical treatment of the animals), le programme accueilli par l'université de médecine de Caroline du sud à Charleston visait à travailler sur des cellules souches embryonnaires de dinde. Afin de provoquer une croissance accrue, ces "myoblastes" constructrices de muscles étaient imprégnées de sérum issu de bovin.
"Nous travaillons à très petite échelle avec le bioréacteur Synthecon de la NASA, à partir de sphères poreuses de chitosane (une fibre naturelle dérivée de la carapace des crustacés, ndlr), où peuvent être mis en culture des myoblastes d'animaux compatibles." expliquait-il à l'époque.
En février 2011, suite à des démêlés avec le MUSC, le Pr Mironov était remercié et ses recherches interrompues... pour redémarrer pour le compte de commanditaires brésiliens.

A l'université d'Utrecht aux Pays-bas, c'est du côté du cochon qu'on lorgne! Bernard Roelen professeur de science vétérinaire à l'université d'Utrecht et son équipe cherchent depuis plusieurs années à générer de la viande de porc à partir de souches musculaires. "Garder des animaux uniquement pour les manger n'est en fait pas si bien que ça pour l'environnement.; les animaux ont besoin de grandir et produisent beaucoup de choses qu'on ne mange pas." argumente-t-il. En 2009, seules des cellules souches formant une matière visqueuse à la surface d'un liquide nourricier étaient visibles. A la base du processus, l'insémination in vitro d'ovaires de truie (récupérés en abattoir) par du sperme porcin puis la maturation des oeufs dans un liquide nourricier. Malheureusement, les cellules ne survivaient que quelques mois et cessaient de se multiplier à cause de dysfonctionnements génétiques.




Les soutiens

Bien sûr, pour que de tels projets voient le jour, des soutiens (si ce n'est des commanditaires) d'ordre intellectuel et financiers sont indispensables. C'est ainsi que le PETA peut se targuer de pourvoir aux deux besoins vitaux en faisant montre de créativité dans ses appels d'offre (voir ci-dessous) et en débloquant des fonds conséquents (cf, les trois ans de subsides alloués à Mironov). Quant à la fondation New Harvers (dont les membres sont des spécialistes en agriculture, santé publique, biologie, médecine), elle a pour objectif de créer un environnement culturel, technologique et financier propice à la recherche d'alternatives à la production actuelle de viande. C'est une sorte d'observatoire à la production de substituts alimentaires carnés.
Sans que l'on puisse à proprement parler d'intérêt moral, la NASA s'est aussi impliquée dans ce type de recherches, comme le précisait Mironov sur le site ScientificAmerican.com: "Aux Etats-Unis, cette recherche de croissance in vitro n'est que légèrement financée par l'administration spatiale et aéronautique nationale. Les instituts nationaux de la santé, de la nourriture et de l'agriculture refusent de financer pareil projet. En effet, dans un objectif d'exploration interplanétaire, dans l'impossibilité d'emporter une vache avec eux, les astronautes auraient ce système de production. D'autres soutiens de poids, (tel que le gouvernement allemand pour l'équipe de M. Post), parfois inattendus (V.Mironov opère à présent au Brésil, gros producteur de viande d'élevage!), viennent s'ajouter à cette liste qui tend à l'expansion car...



Des perspectives encourageantes

... Voici presque cinq ans, à l'occasion d'un congrès scientifique en Norvège, PETA mettait les scientifiques présents au défi de créer une viande de poulet synthètique en quantités suffisantes pour être commercialisée à des prix compétitifs. Le lot à remporter? Un million de dollars!
Motivation des chercheurs + coup médiatique au profit de la cause, l'idée était géniale!
le 30 juin 2012, cette offre arrivera à échéance et les lauréats devront présenter leur ersatz de poulet (exit Marc Post, focalisé sur le boeuf!). Sur la trentaine de laboratoires, dont quelques uns aux USA, ayant annoncé des travaux sur la production de viande in vitro, combien se présenteront? Mystère! Cependant, une chose peut être tenue pour certaine: si la deuxième échéance fixée par PETA dans son règlement de cinq pages est atteinte avec succès en 2016, à savoir commercialiser le produit obtenu dans au moins dix états américains, une nouvelle ère économique et sociétale verra le jour...

Sources:
http://lci.tf1.fr/
http://www.scientificamerican.com
http://www.newscientist.com/"
http://www.postandcourier.com
http://www.reuters.com/
"http://www.bladi.net
"http://invitromeat.org/
http://www.naturez-moi.com
http://www.maxisciences.com

En savoir plus:






Digressions

Des chercheurs de l'université japonaise de Yokohama City  ont réussi à créer des spermatozoïdes en laboratoire !
C'est une découverte qui va permettre dans un premier temps de réduire le nombre d’individus mâles nécessaires à la reproduction d’une population donnée, pour dans un second temps, aboutir à une production de sperme synthétique sans donneur…
Meuh, non !
« C'est une découverte qui pourrait permettre de mieux comprendre les étapes moléculaires de formation du sperme, et peut-être de trouver des traitements contre l'infertilité masculine. » (source Slate.fr   )
Ca va mieux là ? Rassurez-vous : déjà en 2009, la tentative britannique de créer du sperme avec des gamettes XX avait  échoué : le chromosome Y prouvait son caractère indispensable (pour l’instant, hin, hin, rire sardonique). Le but à l'époque était le même qu'aujourd'hui : comprendre le processus de génération du liquide séminale masculin et par là même, résoudre les énigmes que posent la plupart des stérilités masculines... et non éradiquer le mâle de la reproduction humaine!